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3° Congrès du SCO France : Observer, Coopérer, Agir

Publié le 14/04/2025
Coopération et multilatéralisme : dans un contexte géopolitique tendu, le SCO, par son 3ème Congrès tenu le 20 mars 2025, affirme son attachement aux valeurs portées par les objectifs de développement durable pour la protection des populations et la préparation d’un monde à +4°C.

L’espace au cœur du climat

Évènement récurent pour le SCO France ce troisième Congrès était accueilli le 20 mars 2025 par le ministère de l’Europe et des Affaires Étrangères. Confortant le rôle essentiel et stratégique du SCO, il s’inscrit dans la continuité de la première édition, tenue le 7 décembre 2021 au ministère de la Transition Écologique en présence de Mme la Ministre Barbara Pompili, et de la deuxième édition, organisée au ministère de l’économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique le 30 mai 2023.

Au cœur des échanges cette année, les stratégies nationales d’adaptation ainsi que les défis globaux pour les pays du Sud ont mobilisé des intervenants et experts de haut niveau, mais aussi des démonstrations de solutions concrètes portées par des données satellitaires. Marqueur de notre profond engagement pour le monde de demain, ce congrès s’est aussi fait la tribune des grands enjeux immédiats, dont la 3èmeConférence des Nations unies pour l’océan UNOC et les 10 ans de l’Accord de Paris.

Temps forts

Pour ceux qui souhaiteraient se plonger plus concrètement dans les discussions, voici un medley des interventions de tous nos invités.

Ouverture

« Nous n’avons pas forcément tous conscience de la place pourtant centrale du spatial dans nos vies quotidiennes ». Ouvrant le Congrès avec ces mots, Madame Anne-Marie DESCOTES, Secrétaire générale du ministère de l’Europe et des affaires étrangères, a souligné l’importance croissante du secteur spatial, qui « embrasse l’enjeu global de notre siècle qu’est la question climatique [et se fait] également un formidable levier de développement ».

Prenant la parole à son tour, Jean-Marc ASTORG, Directeur de la Stratégie du CNES, a conforté ces éléments et le rôle clé du SCO, « remarquable trait d’union entre science et société », pour fournir des outils d’aide à la décision et de résilience, dont beaucoup sont en accès libre. « Bravo à l’équipe SCO, ce que vous faites est inspirant pour nous tous ».

Table ronde : Les services aux territoires pour l'adaptation au changement climatique

Le scénario climatique le plus probable, appelé TRACC (voir encadré), va conduire la France, qui se réchauffe plus vite que d’autres pays, sur une trajectoire de +2°C en 2030 à +4°C en 2100, Partant de ce dernier, les intervenants ont échangé sur le troisième PNACC, Plan national d’adaptation au Changement climatique, révélé trois jours avant le Congrès. Destiné à mieux intégrer le climat futur dans les décisions publiques et économiques, ce PNACC est porté par un changement de paradigme directement issu d’une prise de conscience généralisée. Réservant un point d’entrée unique pour orienter les collectivités vers les offres ad hoc des différents opérateurs de l’État, il sera inscrit dans le Code de l’environnement. Il sera doté d’une enveloppe de 1,6 milliards d’Euros, utilisée selon le principe "pas un euro aux projets non résilients au climat futur". De façon globale, les échanges ont mis l’accent sur la nécessité d’anticiper pour adapter tous les territoires et tous les secteurs. L’attention est attirée vers les réseaux routiers et électriques, que l’on ne lie pas spontanément au climat, mais qui sont pourtant critiques à cet égard dans les conditions attendues.

La TRACC, trajectoire de réchauffement de référence pour l’adaptation au changement climatique

 

À l’horizon 2100, soit +4°C en France, ce scénario multiplie par 10 les risques de vagues de chaleur par rapport à aujourd’hui avec des épisodes caniculaires qui s’étendraient sur de très longues durées, de 40 à 60 jours contre 15 actuellement. Avec une augmentation des précipitations en hiver et une baisse en été, un tel changement de rythme induirait un risque d’inondation et de sécheresse 40% plus probable qu’en 2025, quand le niveau des mers augmenterait de 70 à 80 cm, avec le risque associé de submersions marines.

Météo-France propose de nouveaux outils pour permettre à tous de s’adapter : Climadiag commune pour chaque territoire et chaque citoyen, Climadiag chaleur en ville et Climadiag Agriculture.

Extraits choisis et utilisation des données satellites : 

B Thome

Benoît THOME, Directeur des relations institutionnelles de Météo France : « Pour monitorer l’évolution du climat et améliorer la prévision des phénomènes, le modèle ARPEGE de Météo-France assimile chaque jour 33 millions de données, dont 30 millions issues des satellites ».

D Simiu

Diane SIMIU, Directrice du Climat, de l’efficacité énergétique et de l’air au Ministère de la transition écologique : « S’adapter, ce n’est pas renoncer [aux 2°C de l’Accord de Paris]. Le PNACC décline 52 mesures et plus de 200 actions concrètes [pour] protéger les populations, les infrastructures et services essentiels des territoires, notre patrimoine culturel et naturel ».

B Perrissin-Fabert

Baptiste PERRISSIN-FABERT, Directeur général délégué par intérim de l’ADEME : « Ces dix dernières années, de nombreuses collectivités ont été confrontées aux effets climatiques et ont compris qu’elles devaient se saisir de ce sujet, transversal et territorial. […] Le spatial fournit les données permettant de poser un diagnostic et agir en conséquence, [à l’instar] des projets SCO Thermocity et Sat4BDNB ».

P Berteaud

Pascal BERTEAUD, Directeur Général du CEREMA : « Nous aurons ce que nous aurons décidé, […] on a toutes les cartes en main pour réussir. […] Les cartographies de Zones Climatiques Locales développées à travers le projet SCO SatLCZ ont donné une vision claire des îlots de chaleur urbains aux agglomérations, pour orienter les interventions d’aménagement. Sans les données satellite, disponibles de façon uniforme sur le territoire et dans des délais très rapides, on ne saurait pas faire cela ».

Dialogue : Agenda international 2025 : enjeux et perspectives

B Pompili et O PDA

Avec Barbara POMPILI, Envoyée spéciale du Président de la République pour le One Water Summit, Ambassadrice pour l’environnement, et Olivier POIVRE D’ARVOR, Ambassadeur chargé des Pôles et des Enjeux maritimes, Envoyé spécial du Président de la République pour la Conférence Océan des Nations Unies.

Rappelant la naissance du SCO à l’occasion du premier One Planet Summit, la discussion a porté haut le rôle clé des données spatiales pour renforcer la coopération internationale et la diplomatie climatique, ainsi que la science, en tant que vecteur de paix. Pointant l’enjeu essentiel de l’eau, Barbara POMPILI résume avec clarté « L’eau est à l’adaptation ce que l’énergie est à l’atténuation ». De son côté, Olivier POIVRE D’ARVOR place beaucoup d’espoir en la 3ème Conférence des Nations unis pour l’Océan (UNOC), qui se tiendra à Nice en juin 2025 : « Nous sommes à un moment charnière où l’océan prend sa place dans la gouvernance ». À cette occasion sera lancée l’alliance Space4Ocean, à laquelle contribuera le SCO. Les autres priorités pour 2025 portent sur les 10 ans de l’Accord de Paris ainsi que l’ouverture des négociations du traité sur les plastiques.

Signatures de la charte SCO

Partage, coopération, action, transparence : nos valeurs fédèrent et prouvent que l’union fait la force. Trois nouveaux membres ont saisi l’occasion du congrès pour rejoindre l’alliance et signer la Charte SCO :

Congres signatures

  • la principauté de Monaco, représentée par Son Excellence Madame Valérie BRUELL-MELCHIOR, Ambassadeur de Monaco en France, accompagnée sur l’image 1 de Jean-Marc ASTORG,  Laurence MONNOYER-SMITH, Frédéric BRETAR et, sur sa droite, Anne-Marie DESCOTES ;
  • le BRGM, représenté par Caroline RICORDEL, Directrice de la Direction Connaissance et Géomodélisation du sous-sol, et l’INERIS, représenté par Augustin COLETTE, Responsable de l’unité Modélisation atmosphérique et cartographie environnementale, accompagnés sur l’image 2 par Laurence MONNOYER-SMITH et Frédéric BRETAR, responsables du SCO pour le CNES.

Table ronde : La coopération avec les pays du Sud, le spatial au service du développement durable

6 milliards d’humains vivent dans les pays du Sud, particulièrement vulnérables aux impacts du changement climatique. Dans ces états qui manquent souvent de données in situ, les données satellites jouent un rôle prépondérant pour développer des outils d’adaptation, et notamment des systèmes d’alerte précoce aux catastrophes climatiques. Pour maximiser l’impact de ces outils, la co-construction s’impose, avec les défis majeurs que sont l’accès aux données, la formation, l’intégration des données dans les politiques publiques et la sensibilisation des décideurs comme des populations.

Extraits choisis :

G Kleitz

Gilles KLEITZ, Directeur délégué adjoint à la science à l’IRD : « Au cœur d’extrêmes tensions nord/sud, les satellites confèrent la légitimité des données. [Partenaire de plusieurs projets SCO,] L’IRD utilise les données satellitaires pour décrypter et analyser les interactions entre les paramètres environnementaux et les dynamiques sociétales ».

Y Galloul

Yasmine GALLOUL, Responsable adjointe du pôle entreprenariat et Innovation d’Expertise France : « Présents dans 150 pays, nous constatons que les pays du Sud font face à des défis majeurs en termes d’accès et d’exploitation des données environnementales - manque d’infrastructures et de cadre de gouvernance, dépendance aux données étrangères – [qui constituent un frein à] leur souveraineté et leur développement économique ».

A Hassan

Aboubaker HASSAN, Secrétaire Général du ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche de Djibouti, responsable du programme spatial de Djibouti, membre du SCO depuis octobre 2024 : « Un énorme travail de sensibilisation [nous attend] à destination des décideurs politiques mais également de la population locale, qui doivent comprendre qu’un certain nombre des problématiques qu’ils agitent – la faim, la soif, les maladies…- trouvent pleinement leurs solutions dans la télédétection et les sciences spatiales [dont ils critiquent les financements] ».

A Roumagnac

Alix ROUMAGNAC, Président de Predict Services : « Pour l’alerte précoce, le spatial prend une importance énorme. [Nourri des données de pluie COSPARIN toutes les 30 minutes,] le système d’alerte développé dans le cadre du projet SCO Gade Lapli [anticipe] les zones inondables pour déclencher des actions de mise en sécurité de la population lorsqu’arrivent de fortes pluies. Déployé à Haïti, nous le mettons en œuvre dans d’autres pays ».

Démonstrations de projets

Les projets SCO sont une invitation au voyage sur notre planète, comme en ont témoigné quatre pilotes.

P Sicard

« Tous les arbres sont bons pour l’homme mais pas forcément pour la qualité de l’air. »

Pierre SICARD, ACRI-ST, projet GreenSpace pour cartographier la totalité des arbres urbains et leur influence sur la pollution, identifier les espaces à renaturer et les espèces à privilégier.

D Espel

« Cartographier les Terres australes, c’est leur offrir une mémoire et une façon de se protéger pour l’avenir. »

Diane ESPEL, Université de Rennes, Projet Cartovege pour planifier des actions de restauration ou de préservation des habitats naturels et de la biodiversité des Terres australes françaises.

M Lucas

« La première action pour apporter une solution aux communautés locales consiste à comprendre le phénomène et le suivre en temps réel. »

Marc LUCAS, CLS, Projet SeSaM pour repérer les algues sargasses dans l’océan et prévoir leurs arrivées sur les plages jusqu’à trois mois à l’avance.

A Guelmami

« Au-delà de l’intégration des données, le SCO nous a permis de mettre en œuvre une interface qui transfère la connaissance vers la prise de décision. »

Anis GUELMAMI, Tour du Valat, Projet AIonWetland pour automatiser le suivi des zones humides méditerranéennes avec, en complément, des indicateurs des pressions subies et des recommandations de préservation ou de restauration.

Annonce des Lauréats de l’Appel à Projets SCO 2025

La matinée s’est achevée avec l’annonce des 16 lauréats du Millésime SCO France 2025, dont les porteurs de projets ont officiellement reçu le label SCO.

Clôture

« Le SCO est un engagement communautaire. […] Dans un contexte où les tensions climatiques et géopolitiques se renforcent les unes les autres, mettant les populations face à des enjeux forts et anxiogènes, nous nous mobilisons plus que jamais pour apporter des solutions aux territoires, y compris aux plus vulnérables. Merci à tous ceux qui contribuent à la vivacité du SCO et à vous tous qui nous avez rejoints pour ce Congrès. » Laurence Monnoyer-Smith, Directrice du Développement Durable du CNES

Photos © CNES/H. Piraud