SCO France : place à l’action !
Un an après le lancement officiel du Space Climate Observatory au Salon du Bourget par le Président Macron, le SCO France peut s’enorgueillir d’un travail considérable accompli.
L’objectif du webinaire était de présenter les 14 premiers projets labellisés et de susciter l’intérêt de la communauté pour de futurs projets. En guise de préambule à ces présentations, Brune Poirson, secrétaire d’État auprès de la ministre de la Transition écologique et solidaire, a remercié la communauté française de son implication dans l’Observatoire Spatial du climat, « un projet qui n’a pas d’équivalent. Il y aura de nombreuses opportunités à saisir pour le développement d’outils dans l’économie circulaire ».
L’ensemble de ces projets, ainsi que ceux proposés par les membres du SCO international, feront l’objet d’une présentation par la délégation française lors du prochain One Planet Summit qui se tiendra le 11 janvier 2021 à Marseille durant le Congrès Mondial de la Nature.
Les projets du SCO France
FLAude, FloodDAM, Viettro et Vimesco Rice, Carbon Monitor, SatLCZ, Thermocity, ECLAT, Énergie éolienne, LittoSCOpe, Arbocarto et Mangrove. Vidéos ou témoignages en direct, plusieurs porteurs de projet ont pu montrer comment le partage de données spatiales peut donner naissance à des outils efficients. Voici quelques exemples types parmi les projets évoqués aujourd’hui. Vous pouvez revivre le webinaire dans son intégralité ainsi que le préambule de Brune Poirson, ou consulter les vidéos explicatives des projets FLAude, LittoSCOpe et SatLCZ.
- FloodDAM : comprenez Flood Detection Alert & rapid Mapping. Comme son nom l’indique, FloodDAM veut accélérer le temps de réponse suite à des inondations pour aider les collectivités locales et les assurances dans la prise de décision en ces moments de crise. FloodDAM concentre pour cela trois services : un système d’alerte pour prévenir les acteurs d’une crue imminente, une modélisation des inondations en temps réel pour donner une vue de la situation au sol, ainsi qu’une prévision de l’évolution à court terme modélisée en cartes de risques via plusieurs modèles de dynamique des fluides. Grâce à un important consortium français, le projet prend corps via des données d’imagerie spatiale croisées avec celles de réseaux in situ émanant de nombreux capteurs au sol et aéroportés. Notons la participation du Jet Propulsion Laboratoryaméricain qui travaille déjà sur ces réseaux de stations terrestres. Collectées de façon totalement automatisée, toutes ces données sont combinées via des techniques de machine learning et assimilation de données.
- Face à un risque similaire mais non dû aux pluies, le projet LittoSCOpe s’intéresse au risque de submersion marine engendré par la hausse du niveau des mers. Expérimenté sur les communes françaises de Palavas-les-Flots, Montpellier et Gâvres (près de Lorient), l’outil propose d’identifier les zones littorales sujettes à des submersions permanentes. Il s’appuie pour cela sur un MNT (Modèle numérique de terrain) issu de données d’observation Pléiades ainsi que des données d’altimétrie spatiale pour la hauteur de l’océan. En intégrant des données socio-économiques et des informations plus fines d’occupation du sol, l’outil délivre des indicateurs de risque intuitif pour fournir une évaluation chiffrée du niveau de crise encouru doublée d’une estimation des coûts et dommages potentiels d’une submersion.
- Après l’eau, l’air. SatLCZ s’attaque à la vulnérabilité des milieux urbains face aux vagues de chaleur estivales. Il étudie les ilots de chaleur urbains et modélise le comportement thermique des espaces selon les différents leviers mobilisables, comme la végétalisation. Segmentant les territoires en unités typo-morphologiques homogènes vis-à-vis de leur profil climatique, la méthodologie repose sur l’imagerie Pléiades, capable d’une observation stéréoscopique des villes. Transposable à l’échelle mondiale sans pré-requis, SatLCZ est appliqué dans un premier temps sur Lille, qui a connu une forte canicule en 2019, pour valider la méthodologie spatiale par comparaison avec des données de terrain. Il sera expérimenté dans un second temps à l’étranger.
- Dédié pour sa part au suivi du C02, Carbon Monitor trouve un fort écho dans l’actualité. Alors que l’épidémie de Covid-19 provoque un bouleversement mondial et massif des activités humaines et par conséquent de leurs émissions de CO2, Carbon Monitor révèle qu’en Chine ces émissions ont repris de plus belle avec 10% de plus que l’an dernier à la même période. S’il apporte une grande valeur ajoutée pour suivre la relance post-Covid, l’outil met clairement en exergue le caractère indispensable d’un tel suivi des politiques climatiques et des impacts économiques associés, en surveillent les émissions de CO2 beaucoup plus finement que tous les deux ans (pour les signataires du Protocole de Kyoto) ou tous les cinq ans (pour les autres pays). Comment ? En récupérant les données, en temps réel pour la plupart, relatives aux secteurs émetteurs de CO2 : production industrielle, électricité, trafic routier, maritime et aérien, secteur résidentiel etc. Des modèles transforment ces données d’activités en émissions de CO2 dont est dérivé un indice quotidien pour chaque source d’émission de CO2 dans chaque pays. L’on peut ainsi identifier les hausses ou baisses d’émissions par pays et par secteur, et les corréler à un évènement, comme le Covid ou une période de vacances. L’outil fonctionne également pour le méthane. Une intense collaboration internationale entre universités de France, de Chine et de Californie a rendu la chaîne de traitement particulièrement aboutie, permettant de proposer l’outil Carbon Monitor en ligne, en version internationale et chinoise.
- Énergie éolienne. Le projet n’a pas encore de petit nom mais il est prometteur pour atteindre 40% d’énergie renouvelable en 2030. Avec une approche originale, il caractérise l’énergie éolienne disponible en France pour fixer des objectifs d’exploitation par zone géographique, avec le soutien des habitants. Pour caractériser le gisement éolien français, l’outil recourt aux données C3S et ERA5 relatives à la vitesse du vent. Selon les caractéristiques d’une éolienne, il calcule l’énergie disponible par cette éolienne qui, combinée avec son utilisation réelle, révèle la façon dont chaque département utilise son potentiel éolien. Reste à mesurer le sentiment de la population vis-à-vis de cette technologie. La crise sanitaire du Covid-19 perturbant les enquêtes terrain, les porteurs de projets ont bifurqué vers une approche de la population via les réseaux sociaux. 5000 posts contenant #éolienne ont été localisés puis soumis à une analyse de texte pour identifier le sentiment exprimé et établir au final « un score » par département. L’outil fait d’ores et déjà ressortir des zones géographiques susceptibles d’amplifier leur politique éolienne, comme les Bouches du Rhône qui affichent un taux d’emploi de 1 quand la médiane française se situe à 2,83, et un sentiment de la population détecté plutôt positif.