Les SCOlutions aux risques hydrométéorologiques
Selon un rapport détaillé (août 2021) de l’Organisation Météorologique Mondiale, le nombre de catastrophes a été multiplié par cinq en 50 ans : 44 % d’entre elles sont associées à des crues, 17 % à des cyclones tropicaux. Or, les satellites sont un atout considérable pour mettre en œuvre des systèmes de surveillance et d’alerte et, de façon générale, pour couvrir les différentes phases du risque.
En témoignent trois projets qui ont présenté leurs solutions jeudi 23 mars 2023 lors de la 8ème Trimestrielle du SCO France, que vous pouvez revivre en vidéos ci-dessous. Salués par des échanges intenses entre les participants, leurs remarquables résultats sont le fruit d’une tout aussi remarquable implication des équipes projets.
Pour toute question relative à cette trimestrielle, écrivez-nous ici.
INTRODUCTION : L’usage des données satellitaires dans les différentes phases de la gestion des risques
Par Linda Tomasini, référente SCO et représentant du CNES au titre de la Charte Internationale espace et catastrophes majeures
À retenir
- L’apport crucial des missions spatiales est reconnu pour la phase d’urgence où survient une catastrophe, avec des dispositifs opérationnels existants comme la Charte Internationale espace et et catastrophes majeures, les services Copernicus Emergency et Sentinel Asia.
- L’Observation de la Terre est tout aussi cruciale pour soutenir les phases de reconstruction dans les semaines et mois qui suivent une catastrophe. Pour démontrer cette efficacité, le Working Group Disaster du CEOS développe depuis quatre ans des démonstrateurs d’observatoires du relèvement (recovery obersavories), pour reconstruire en étant plus résilients à un potentiel nouveau désastre.
Schéma du cycle du risque et des enjeux associés. Sont également positionnés les services opérationnels y répondant ainsi que les trois projets SCO présentés aujourd’hui.
1 BanD-SOS
Par Fabien Durand, chercheur océanographe au LEGOS
Fusion des sciences de l’aléa et des sciences humaines et sociales, le projet BanD-SOS a mis en œuvre un système opérationnel de prévision numérique de submersion cyclonique dans le delta du Bengale, densément peuplé et particulièrement exposé en raison de sa topographie très basse.
À retenir
- Destiné à assurer la résilience des 3 millions d’habitants du delta, le système fonctionne en temps réel. Grâce aux données Sentinel-2, il suit avec précision l’évolution du niveau de l’eau, de forte amplitude en raison de la basse altitude et des marées. Prévoyant les submersions probables 36 à 48h avant l’arrivée d’un cyclone, ses informations permettent aux autorités civiles d’organiser les dispositifs d’évacuation.
- BanD-SOS tient compte de l’exposition et de la vulnérabilité des territoires. La cartographie très haute résolution de l’index de vulnérabilité établie par le projet montre que ce ne sont pas les territoires les plus proches des côtes qui sont les plus vulnérables.
- En cours de finalisation, la plateforme est d’ores et déjà opérationnelle et a pu être livrée au FFWC (Flood Forecasting & Warning Center) en novembre 2022, le centre bengalais de prévision des submersions, avant le début de la saison cyclonique. (lisez notre actu dédiée ici)
- La plateforme est en accès libre : https://bandsos.github.io
- La boîte à outils est également rendue publique : https://github.com/jamal919/pyIntertidalDEM
2 Viet-ARRO
Par Stéphane Mermoz, fondateur de la société GlobEO
Développé en partenariat avec l’agence spatiale vietnamienne VAST, le projet VietSCO se compose de deux volets : Vimesco-Rice, pour étudier l’impact de la sécheresse, de la subsidence et de l’intrusion d’eau saline sur les cultures rizicoles, et Viet-ARRO, qui se consacre aux impacts des typhons et des inondations pluviales sur la riziculture.
À retenir
- La plateforme de visualisation propose de multiples cartographies : cartes de riz saisonnières, nombre de cultures par an, cartes d’inondations et variations interannuelles des surfaces inondées…
- Toutes ces cartographies sont issues du traitement automatique de données radar Sentinel-1 majoritairement.
- Le système propose également des projections des cultures de riz, avec intrusion d’eau saline. Selon les scénarii climatiques simulés, on ne pourra plus cultiver de riz dans le delta du Mékong en 2050.
- Le système est transposable en d’autres lieux. L’équipe projet travaille actuellement avec la Thaïlande, particulièrement intéressée pour se doter d’un tel système.
- L’outil est en ligne et accessible à tous : https://www.vietsco.org
3 Gade Lapli
Par Julien Lamouret, ingénieur chez Predict Service
Régulièrement touché par des évènements hydrométéorologiques extrêmes dont la fréquence augmente, Haïti dispose de peu de données pour constituer des indicateurs du changement climatique et des outils d’adaptation, ce que propose le projet Gade Lapli grâce aux données satellitaires.
À retenir
- Conçu pour fournir une aide à la gestion des évènements hydrométéorologiques extrêmes aux équipes de sécurité civile d’Haïti, le système est pensé pour être réplicable sur d’autres territoires disposant de peu de données et mesures de terrain.
- Le projet utilise les données COSPARIN (COntribution du SPatial à l’Analyse du Risque INondation) dont les satellites produisent toutes les 30 minutes une estimation des précipitations à l’échelle mondiale avec une résolution de 5 x 5 km. Les modèles numériques de terrain sont également dérivés d’images satellite.
- En cours de développement, la plateforme Web est d’ores et déjà à disposition des acteurs locaux et permet de visualiser dans un environnement 3D l’estimation en temps réel des précipitations et les zones inondables.
- Interfacée avec la base de données haitidata.org, la plateforme propose de très nombreuses couches d’informations. Elle intégrera bientôt des éléments de vulnérabilité.
- La plateforme est en ligne et fonctionne moyennant créer un compte utilisateur : https://www.wiki-predict.com