À l’assaut du fléau des sargasses avec SeSaM
En 1492 déjà, Christophe Colomb rapportait la présence des algues brunes dans la Mer des Sargasses, à l’est de la Floride, où elles sont sagement restées jusqu’à 2009-2010. Cet hiver-là, une anomalie de NAO, l'oscillation nord-atlantique qui affecte le système climatique du nord de l'océan Atlantique, les a entraînées hors de leur mer d’origine. Portées par les courants et enclines à proliférer sous la hausse des températures, ces algues deviennent aux Antilles, et jusqu’à la côte ouest africaine, une véritable calamité.
Car lorsqu’elles arrivent, elles envahissent les plages par millions de tonnes et détériorent tout l’écosystème côtier. Au-delà de la pollution visuelle, le principal problème vient de leur décomposition, dont les gaz affectent la santé des populations. L’anoxie marine générée faisant fuir tous les poissons à la ronde, de même que les mauvaises odeurs stoppent toute velléité d’approche de la plage, la pêche et le tourisme sont également très impactés.
▲ Échouage massif de sargasses en juin 2018 sur Bavaro Beach, l'une des plus belles plages de République Dominicaine. À droite, l’invasion est telle qu’une barrière flottante a été déployée pour préserver un espace de baignade. © Getty Images
« La première action pour apporter une solution aux communautés locales consiste à comprendre le phénomène et le suivre en temps réel » plaide Marc Lucas, pilote du projet SeSaM pour CLS.
SeSaM, un système pour anticiper et agir
1 : Détecter et localiser
Pour localiser les sargasses dans l’océan, SeSaM utilise la couleur de l’eau par satellite. Pour parvenir à la précision requise, et grâce à une importante collaboration franco-américaine, il met en synergie des données de différentes résolution, notamment Sentinel-2 et LandSat 8 & 9 à 10 et 20 mètres, Sentinel-3 à 300 m et GOES à 1 km. Ce dernier offre l’avantage d’être géostationnaire avec des images toutes les 15 minutes, qui pallient la problématique des nuages, très présents en bande équatoriale.
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Détection de sargasses dans la plateforme SeSaM. © CLS |
2 : Prévoir l’arrivée sur les littoraux
Afin que les populations et autorités locales puissent se préparer, l’IRD a développé un modèle de croissance et de déplacement des sargasses, à partir de données de télédétection. Aujourd’hui ce modèle propose des simulations 3 mois à l’avance. Ces prévisions servent, par exemple, à décider quand ramasser les sargasses, en mer ou à terre, une opération très coûteuse. |
Modélisation du déplacement d’un immense banc de sargasses. © IRD |
👉 Pour rendre ces données accessibles aux territoires, les résultats sont mis à disposition sur une plateforme en accès libre.
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Comme le souligne Marc Lucas, « les satellites sont bien plus efficaces et avec un coût moins élevé que l’envoi de bateaux en mer pour repérer les sargasses ».
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▲ Pour éprouver la justesse et la finesse des localisations, l’équipe SeSam a guidé un bateau pour réaliser des mesures in situ. Le voilier (en blanc à droite) est arrivé très précisément sur le radeau de sargasses localisé par satellites. © CLS
💡 SeSaM présentera ses travaux et une démonstration de sa plateforme en Trimestrielle des projets le 19 juin 2025. Pour recevoir automatiquement l’invitation aux trimestrielles, inscrivez-vous ICI.
Perspectives
À quelques mois du terme du projet, l’équipe s’attache à finaliser la mise en opération du modèle de prévision saisonnier, afin que les prévisions soient facilement accessibles aux utilisateurs par le biais du portail internet de SeSam |
🐠 Le saviez-vous ? 🌊 Du 9 au 13 juin 2025 se tiendra à Nice la 3ème Conférence des Nations unies sur l'océan UNOC. À cette occasion sera lancée l’alliance Space4Ocean, à laquelle contribue le SCO. |