Cartovege2 : Mission Amsterdam

Dédié aux Terres australes françaises, Cartovege développe un outil de cartographie de la végétation à partir d’imagerie satellite pour suivre à long terme l’évolution des habitats naturels, décider d’actions de préservation ou de restauration, puis de vérifier leur efficacité. Déjà mis en œuvre sur Crozet avec Cartovege¹, Cartovege² transpose son approche aux îles Amsterdam et Saint-Paul, en l’adaptant à leurs spécificités écologiques et géographiques.

La méthodologie Cartovege²

1- Définir une typologie des habitats terrestres d’Amsterdam et de St Paul

2- Améliorer la chaîne de télédétection mise en œuvre dans Cartovege¹

3- Modéliser les habitats à partir d’images en très haute résolution, en explorant les limites de la résolution spatiale utile

Avant de poser le pied sur l’île, Diane a minutieusement épluché la littérature et analysé 750 relevés floristiques acquis depuis 2016, aboutissant à une version préliminaire de la typologie des habitats. Sur le terrain, cette typologie a été peaufinée et corrigée grâce à l’acquisition de nouvelles données, notamment dans les zones peu ou pas échantillonnées. Malgré les conditions d’exploration parfois complexes, notamment dans les zones à végétation dense et haute (jusqu’à 4 m), 535 nouveaux relevés ont pu être effectués par la postdoctorante et ses collègues botanistes de la direction de l’environnement des TAF, Julie Bornes et Elzéar Hamard-Mulot, partenaires du projet. « Très conditionnée par l’altitude (jusqu’à 881 m), la végétation révèle un fort étagement et gradient d’humidité. De retour de mission et après analyse, la typologie de la végétation a été validée avec 48 classes, qui seront prochainement décrites dans le guide des habitats naturels. » relate Diane Espel.

▲ Relevés phytosociologiques et détermination des habitats au Plateau des Tourbières de l’île Amsterdam pour l’équipe Cartovege². © Diane Espel, 2024

Cependant, la cartographie automatique de 48 classes reste un défi. À la recherche du meilleur ratio efficacité / coût, l’équipe Cartovege teste la faisabilité d’autres images multispectrales à très haute résolution, notamment drone* pour cartographier finement les habitats. « Une des applications de la chaine vise à déterminer la résolution spatiale minimale suffisante pour détecter les habitats en comparant les résultats cartographiques obtenus avec différents types d’images » explique Diane.

*Lire l’actu sur l’usage du drone par Cartovege

▲ Processus de création d'orthomosaïque suite à la mission drone à la Mare aux Eléphants sur l’île Amsterdam. © CNRS, D. ESPEL, 2024

Notons que ce travail prend une dimension particulière depuis l’incendie survenu en janvier 2025, qui a ravagé plus de 50 % de l’île Amsterdam. S’il a empêché les derniers relevés floristiques, les résultats restent solides et les cartes produites offriront une vision de "l’avant", qui sera la clé pour comprendre "l’après" et guider les efforts de restauration.

▲ Suivi par Pléiades Neo de l’évolution de l’incendie (décembre 2023 à gauche vs. Avril 2025 à droite). Conséquence d’un fort déficit hydrique, et alimenté d’herbes hautes et sèches, l’incendie a principalement détruit la végétation de basse et moyenne altitude de l’île. Évacuée, la base scientifique Martin-de-Viviès a été épargnée. © Airbus DS 2023, 2025

Avec ses 8 km² dominés par une zone minérale qui lui vaut le surnom de chauve-souris, l’île Saint-Paul est beaucoup plus petite, avec une situation plus complexe pour l’équipe : seuls 20 relevés historiques existent quand la mission de terrain n’a pas été autorisée… Dans une logique pragmatique, Diane se veut rassurante : « nous avons des photos d’archive, une bonne connaissance de la végétation, très similaire à celle d’Amsterdam, et une image Pléiades Neo reçue fin janvier 2025. Nous devrions pouvoir appliquer le modèle développé pour Amsterdam ».

◀︎ Île Saint-Paul capturée par Pléiades Neo. © Airbus DS, 2024