Thermocity confie ses données à Theia
Thermocity a pour objectif d'étudier les effets d'îlot de chaleur urbain (ICU) en été et les pertes de chaleur en hiver grâce au développement d'un outil d'analyse de thermographie fiable, dont le traitement des données thermiques satellitaires. Pour atteindre cet objectif, le projet rassemble des scientifiques spécialisés dans la climatologie urbaine, la télédétection ou les matériaux de construction. Précisons que Thermocity vise également à préparer les futures missions spatiales qui seront notamment dédiées aux études urbaines, telles que Trishna ou CO3D.
Une collection unique disponible sur Theia
Les données thermiques par satellite sont relativement récentes mais pleines de promesses, tout particulièrement pour étudier l’environnement urbain et son adaptation au changement climatique. En mesurant les températures de surfaces des territoires, ces données sont à même de révéler les ilots de chaleur de surface en zone urbaine, le pouvoir rafraichissant de la végétation et des cours d’eau, les anomalies thermiques émanant des bâtiments.
Aujourd’hui, c’est donc un ensemble unique de données thermiques satellitaires sur 5 métropoles françaises (Marseille, Montpellier, Paris, Strasbourg et Toulouse) que Thermocity met gratuitement à disposition sur le portail de distribution Theia.
Pour l’occasion, Theia consacre, dans son Bulletin n°16 de février 2022, un bel article sur la création de cette collection de données Thermocity.
4 grands produits thermiques
Les collections mises en ligne sur Theia sont les fruits d’ateliers organisés avec trois métropoles françaises pour définir les axes de travail les plus pertinents à partir des données thermiques et proposer des produits dérivés. Assurant une implication constante des utilisateurs finaux et promouvant une synergie entre la science et les applications, ces ateliers ont défini la production suivante :
- Surface des Îlots de chaleur urbains et performances thermiques de la végétation : croisement des données de températures de surface avec un état des lieux de la végétation. L’analyse en résultant éclaire la prise de décision pour définir un scénario de mitigation cohérent selon le pouvoir rafraichissant des espèces d’arbres et des cours d’eau.
Montpellier. Zones d’influence thermique de la végétation (à gauche) et d’un cours d’eau (à droite). © Thermocity
- Modélisation du climat urbain : partant des caractéristiques thermiques de différents aménagements urbains, Météo-France produit des simulations de climat sur une description numérique de la ville. L’enjeu consiste à modéliser la température de l’air durant un pic de chaleur dans un climat futur, selon les évolutions prévues dans les différents scénarios du GIEC. Si la modélisation permet de se projeter dans le futur proche et lointain, elle constitue également une approche très complémentaire de la précédente.
Modélisation de l'ilot de chaleur urbain sur Strasbourg le 1er juillet 2015 à 01:00. © Météo-France
- Performances thermiques des bâtiments : il s’agit ici de détecter les anomalies (ou passoires) thermiques à partir des points les plus chauds mesurés en hiver. Ces informations sont particulièrement utiles pour orienter les plans de rénovation, et notamment du bâti. Les premiers résultats montrent que les points qui chauffent le plus accueillent des supermarchés et des zones d’activité industrielle.
- Indicateurs d’évolution de l’imperméabilité du sol : il existe une relation directe entre l’artificialisation des sols et la température de la ville. Avec l’entrée en vigueur de la Loi zéro artificialisation nette en 2050, l’idée consiste à fournir un tableau de bord rendant intelligible pour la ville l’évolution de l’artificialisation sur son territoire. Celle-ci n’étant pas uniforme, l’équipe a choisi d’intégrer cette évolution à différentes échelles spatiales. Ces données sont ensuite mises en perspective avec la nature des zones (habitation, industrie, tertiaire). Elles peuvent également être croisées avec des données socio-économiques, comme la stagnation ou l’arrivée permanente de population dans un quartier, ou encore la destination prévue de certaines zones du PLU (Plan local d’urbanisme). Ces indicateurs seront également disponibles sur Theia une fois stabilisés.
Changement de surface artificialisée par habitant (en %) à Toulouse de 2015 à 2018. © Thermocity