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Tête à tête avec le MESRI

Publié le 21/03/2022
Coordinatrice interministérielle Copernicus et GEO pour le MESRI, Isabelle Bénézeth représente le ministère de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation (MESRI) au SCO. Rappelant l’importance du continuum entre la science et le service au citoyen prôné par le SCO, elle souligne combien la France est performante en matière de données et applications spatiales. Rencontre.

Quelle est votre fonction au sein du MESRI ?Isabelle Bénézeth : Mon rôle consiste à coordonner les positions de la France pour Copernicus et GEO, et de porter ces positions aux instances de gouvernance de ces institutions.

MESRI Isabelle Bénézeth

Isabelle Bénézeth au Colloque Copernicus. © MESRI

En tant que membre et partenaire du SCO France, quelle vision porte le MESRI sur cette initiative ?I.B. : Le MESRI est positif quant à cet observatoire, avant tout car l’on connait l’urgence climatique. Une initiative comme le SCO, qui vise à atteindre le niveau local et à lui proposer des solutions, est essentiel pour aider les populations. Dans ce cadre, le continuum de science et de la recherche vers les opérations et le service au citoyen est l’une de nos priorités, bien retranscrite dans le SCO, et le ministère y est très attentif.

Comment les données satellites peuvent-elles accompagner les politiques publiques ?I.B. : Par son information, sa fréquence et la couverture géographique qu’elle permet, la donnée spatiale est cruciale et incontournable. Cependant, ce ne sont pas les données satellite qui doivent accompagner les politiques publiques mais l’information qu’elles contiennent. Au ministère, nous avons besoin de produits finis, tels ceux des programmes de météorologie ou de Copernicus. D’ailleurs, lors du colloque « Copernicus Horizon 2035 », tenu mi-février 2022, tous les utilisateurs interrogés sur le devenir du programme ont répondu qu’ils voulaient des données utiles, un service validé par la recherche et les sciences plus que des données spatiales en tant que telles.

Aujourd’hui, qu’attend le MESRI du SCO France ?I.B. : Un de nos principaux objectifs tient dans l’utilisation qui peut être faite de la science et de la recherche pour accompagner - et c’est bien la vocation du SCO - les dernières étapes du développement d’une application ou d’un service aux citoyens. C’est un chainon manquant que vient combler le SCO.

Comment voyez-vous les interactions entre le SCO et les services Copernicus ?I.B. : Ces interactions sont déjà en place avec le C3S, Copernicus Climate Change Service, qui possède une complémentarité naturelle avec le SCO. En effet, quand C3S travaille plutôt aux échelles globale et régionale, le SCO lui permet d’atteindre le dernier échelon, vers le citoyen. Je pense donc qu’il faut maximiser cette complémentarité à l’avenir.

Le SCO a vocation à travailler étroitement avec le GEO, Group on Earth Observations : quelle est votre vision de cette coopération ?I.B. : Il existe ici aussi une complémentarité assez naturelle puisque l’un des objectifs de GEO étant de répondre aux accords de Paris, le SCO peut devenir une des matérialisations possibles. Pour rappel, le GEO est une organisation internationale rattachée à l’OMM (Organisation Météorologique Mondiale), et prend la forme d’un trustfund, à la façon du GIEC. Elle a pour vocation de partager et diffuser le plus largement possible des données d’observation de la Terre à des fins de surveillance de l’environnement mais aussi de partager les connaissances scientifiques avec les peuples qui en ont besoin. GEO s’avère donc un organisme très intéressant pour se faire connaitre, diffuser de l’information et augmenter son rayonnement. Son rapprochement avec le SCO est en construction, et j’invite ce dernier à accepter la proposition de devenir une organisation participante du GEO.

« Il existe au SCO une volonté de procéder de façon rationnelle et de sélectionner des projets de qualité. »

Vous participez personnellement au Comité de labellisation qui étudie les réponses aux appels à projets SCO. Qu’en pensez-vous ?I.B. : J’ai une expérience positive de ce comité. D’abord car l’on peut y découvrir des projets originaux qui proposent une vision différente. Au sein ce comité, il apparaît évident qu’il existe au SCO une volonté de procéder de façon rationnelle et de sélectionner des projets de qualité. De plus, le SCO lance un regard de construction commune particulièrement enrichissant : lorsqu’un projet présente des lacunes, nous demandons au porteur comment l’améliorer et lui laissons le temps d’adapter son dossier pour maximiser l’obtention du label SCO. Même si les dossiers portent encore un peu trop sur l’amont - ce qui est normal à ce stade de développement d’une telle initiative - le panel de propositions 2022 est intéressant. Pour ma part, les projets sur la biodiversité et l’eau ont particulièrement retenu mon attention.

Quel futur voyez-vous pour le SCO ?I.B. : J’insiste sur l’importance de bien saisir l’urgence climatique que nous devons affronter, quasiment une question de survie, qui nécessite autant d’atténuer les phénomènes que de prévoir, anticiper et nous adapter à ce qui va nous arriver. Il faut absolument continuer à surveiller notre environnement, comme le font notamment Copernicus et l’observation de la Terre du CNES. La France est performante sur ces sujets et le SCO est évidemment important. Il doit continuer à porter des projets au niveau le plus local, jusqu’à l’utilisateur final, et doit, pour cela, rester connecté à la recherche et à la science, une proximité cruciale pour évaluer les projets en tâche de fonds. Je suis convaincue que cette démarche est centrale pour les générations futures.

 

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Le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (MESRI) est en charge de la préparation et la mise en œuvre de la politique du gouvernement relative au développement de l’enseignement supérieur, à la recherche et à la technologie. Il assure la tutelle des établissements d’enseignement supérieur ainsi que des organismes de recherche.