Tête-à-tête avec l’AIRCAS
Zhengqiang Li, vous avez plusieurs casquettes ! Quelles sont-elles et quel rôle vous permettent-elles de jouer au SCO ?
Pouvez-vous nous rappeler combien de projets ont été accrédités en 2024 par le SCO en Chine et nous parler de deux d’entre eux considérés comme majeurs ?
Z.L : En 2024, six projets ont été accrédités par le SCO Chine. Deux des principaux projets que je dirige sont DUST et MethMine. DUST se concentre sur le développement d'un système opérationnel d'alerte précoce pour les événements graves liés à la poussière et à la brume. Il vise à améliorer l'adaptation aux conditions météorologiques extrêmes exacerbées par le changement climatique et a déjà aidé les communautés à mieux s'adapter à ces événements. De son côté, MethMine évalue les émissions de méthane des grandes mines de charbon chinoises à forte teneur en gaz. Il fournit des données essentielles pour contrôler les émissions de gaz de ces mines et promouvoir le développement de la technologie de surveillance et de quantification des émissions de méthane ponctuelles par satellite. Ce projet contribue déjà à une surveillance plus précise et à des stratégies d'atténuation des gaz à effet de serre en Chine.
▶︎ Au début du mois d'avril 2023, une énorme tempête de poussière provenant du désert de Gobi a balayé plusieurs pays d'Asie de l'Est, dont la Chine, la Corée du Sud, la Thaïlande et le Japon, entraînant une réduction de la visibilité et des problèmes respiratoires au sein de la population. Le 13 avril, l'un des satellites Copernicus Sentinel-3 a capturé le nuage de poussière qui avait atteint le nord du Japon, après avoir parcouru plus de 3000 km. © European Union, Copernicus Sentinel-3 imagery |
|
Quelles technologies innovantes utilisent ces projets et comment améliorent-elles la collecte et l'analyse des données climatiques ?
Z.L : Pour le projet DUST, nous avons développé un algorithme de haute précision qui intègre les observations au sol avec les données des satellites atmosphériques chinois Gaofen-5. Cette innovation améliore la précision de l'alerte précoce en cas d'événements graves liés à la poussière et à la brume en produisant des paramètres atmosphériques à haute résolution tels que l'épaisseur optique et les niveaux de particules PM2,5. Pour le projet MethMine, nous avons adopté un modèle de panache gaussien en utilisant les données du capteur TROPOMI de Sentinel-5P. En recoupant les résultats avec des inventaires d'émissions ascendants, nous avons obtenu des estimations fiables des émissions de méthane dans les mines de charbon à forte teneur en gaz.
La collaboration est au cœur du SCO. Quels partenariats mobilisent ces projets ?
Z.L : Ces projets illustrent effectivement toute la valeur des partenariats pour atteindre les objectifs du SCO. Ainsi, les collaborations avec des entités telles que le China Centre for Resources Satellite Data, le groupe de recherche SONET et des institutions internationales comme l'Université de Lille ont enrichi le projet DUST grâce au partage de données et d'expertise. Pour MethMine, les partenariats nationaux entre l'Institut de recherche en information aérospatiale et l'Université de l'Académie chinoise des sciences ont permis de localiser les modèles mondiaux pour répondre aux besoins spécifiques de la Chine.
Quels sont les principaux défis auxquels vous êtes confrontés dans le cadre de vos projets ?
Z.L : Un défi important réside dans l'implication des partenaires industriels, en particulier pour les projets nécessitant des données de vérification de la part des usines. Cependant, les efforts déployés par le SCO pour impliquer des entités privées représentent une opportunité clé pour améliorer la collaboration et la précision des données.
Quels sont vos perspectives pour continuer à lutter contre les effets du changement climatique ? Comment voyez-vous l'évolution du rôle de la Chine au sein du SCO dans les années à venir ?
Z.L : Nous souhaitons faire avancer les projets de cartographie des aérosols à grande échelle, d'évaluation des risques sanitaires liés à la pollution de l'air et de surveillance des émissions de méthane provenant des décharges. Je suis convaincu que le SCO Chine a été et continuera d'être l'une des principales parties à fournir des projets brillants et éventuellement une boîte à outils pour l'initiative SCO dans les années à venir.
Distribution spatiale des principaux produits aérosols de POSP/GF-5(02) : (a) Profondeur optique des aérosols - AOD ; (b) Profondeur optique des aérosols en mode fin - AODF ; (c) Profondeur optique des aérosols en mode grossier (AODC) ; (d) Albédo de diffusion simple - SSA ; (e) Exposant d'Ångström - AE (440/870) ; (f) Hauteur d'échelle du profil vertical des aérosols - ALH. Source : Chen et al : Chen et al, https://essd.copernicus.org/preprints/essd-2024-483/
----------
L'Agence spatiale chinoise (CNSA) est la principale autorité chinoise en matière d'exploration spatiale et de développement de satellites. Elle joue un rôle essentiel dans l'avancement des technologies spatiales pour la surveillance de l'environnement et la lutte contre le changement climatique. Par l'intermédiaire de l'Institut de recherche en information aérospatiale de l'Académie chinoise des sciences (AIRCAS), la CNSA coordonne les contributions de la Chine à l'Observatoire spatial du climat (SCO), en encourageant la collaboration nationale et internationale dans l'utilisation des données de télédétection par satellite pour relever les défis climatiques. L'AIRCAS soutient des projets climatiques innovants et facilite le développement de solutions spatiales pour l'atténuation et l'adaptation au climat, conformément à l'engagement de la Chine en faveur du développement durable et de l'action climatique mondiale.