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Quand les projets Santé du SCO se font références

Publié le 27/11/2023
Preuve que l’on peut créer un lien opérationnel entre les satellites et la santé, le projet ClimHealth a vu son démonstrateur LeptoYangon retenu comme cas d’étude par l’OMM pour sa modélisation des conditions environnementales propices à l’émergence de la leptospirose. Plus tôt dans l’année, l’application Arbocarto a été référencée par les autorités publiques françaises pour prévenir les arboviroses.

ClimHealth : l’alerte précoce pour les maladies saisonnières

Certaines maladies ont des saisonnalités, liées à des facteurs environnementaux comme la végétation, la pluie, les inondations ou encore les sécheresses, des données captables par satellite. Devant le potentiel d’un outil recourant aux données satellitaires pour créer un système d’alerte précoce, le SCO a labellisé en 2020 le projet ClimHealth, porté par des chercheurs de l’IRD-UMR Espace-Dev et de l’Université de la Réunion. Dans un premier temps, les chercheurs ont pu finaliser leur premier démonstrateur, LeptoYangon, une plateforme en ligne conçue pour prévenir la leptospirose dans la zone métropolitaine de Yangon au Myanmar.

LeptoYangon interface

◀︎ Calibré sur des données de surveillance, LeptoYangon génère une carte de risque dès qu’une nouvelle image Sentinel-2 est disponible, soit tous les cinq jours environ. L’outil se destine aux épidémiologistes et médecins qui peuvent ainsi visualiser les zones les plus à risque et consulter les indicateurs de végétation, d’eau et d’humidité. © IRD/Contains modified Copernicus Data

👉 Testez LeptoYangon vous-mêmes : https://leptoyangon.geohealthresearch.org/

👉 Faites plus ample connaissance avec LeptoYangon et ses fonctionnalités dans notre actu ClimHealth étape 1 : le démonstrateur est en ligne.

L’Organisation Météorologique Mondiale WMO, institution spécialisée des Nations unies, a pris connaissance de cet outil et l’a retenu comme cas d’étude dans son rapport n°1335 « 2023 State of Climate Services: Health » (en anglais, voir page 50, Case Study 5).
Ce rapport annonce en préambule que « Le changement climatique affaiblit les déterminants de la santé et accroît les pressions sur les systèmes de santé. […] Des produits et services climatiques adaptés peuvent améliorer les preuves et les informations dont disposent les partenaires du secteur de la santé pour détecter, surveiller, prévoir et gérer les risques sanitaires liés au climat. Les études de cas illustrent les cas où les partenaires du secteur de la santé utilisent avec succès les informations et les services climatiques ».

Avec en ligne de mire un système plus générique, et toujours grâce au soutien de sa labellisation SCO, l’équipe a produit le démonstrateur ClimHealth, dont les codes sont en open source. Il focalise pour l’instant sur la Thaïlande, mais les briques techniques sont en place pour déployer ce système d’alerte précoce sur n’importe quel site et pour n’importe quelle maladie saisonnière. D’ailleurs, l’équipe projet travaille à faire des ponts avec le DHIS2, système de surveillance sanitaire le plus utilisé dans le monde, et continue à étudier quels autres données et indices pourraient améliorer leur outil. Elle s’implique également dans le volet Cambodge de l’initiative internationale PREZODE.

ClimHealth Interface

◀︎ Redesignée pour offrir la meilleure flexibilité, l’interface générique ClimHealth fonctionne sur la Thaïlande avec plus de 20 maladies corrélées à des facteurs environnementaux. Les épidémiologistes peuvent ainsi naviguer dans les données et dégager des hypothèses en confrontant leurs données avec d’autres variables. © IRD

👉 Testez ClimHealth : https://climhealth.geohealthresearch.org/

Arbocarto : prédire les densités de population de moustiques Aedes

Un autre projet devenu opérationnel grâce au label SCO s’est également distingué auprès des autorités publiques de santé en 2023 : Arbocarto-V2. Parfaitement opérationnelle, cette application est pour sa part capable, grâce aux données satellitaires, de prédire les densités de population de moustiques Aedes. L’outil est déjà utilisé dans plusieurs territoires pour organiser la lutte contre ces moustiques porteurs de virus – les arboviroses - comme la dengue ou le palu.

Arbocarto_Guadeloupe

▲ Exemple d’une cartographie prédictive de l’abondance de moustiques adultes sur la Guadeloupe. © Arbocarto

Or, en France métropolitaine, face à une multiplication par 4,5 des cas d’arboviroses importés entre 2015 et 2019, le Comité de Veille et d’Anticipation des Risques Sanitaires (COVARS) a été saisi. Dans son « avis sur les risques sanitaires de la dengue et autres arboviroses à Aedes en lien avec le changement climatique », publié le 3 avril 2023, le COVARS identifie le logiciel ARBOCARTO pour l’enregistrement des données et le suivi des populations de moustiques.
Tout comme l’OMM pointe l’influence du changement climatique, ce rapport indique qu’ « il favorise probablement l’expansion des vecteurs, une meilleure survie des femelles d’Aedes, une augmentation du nombre de générations et une période d’activité annuelle plus grande, un accroissement des populations de moustique, un développement plus rapide des agents infectieux dans le corps des moustiques, et une augmentation du contact humains vecteurs, facteurs qui augmentent tous le risque sanitaire ».

👉 En savoir plus sur Arbocarto-V2 avec notre actu « Aedes prends garde à toi », une interview des créatrices du logiciel.

👉 En date du 1er juillet 2023, l’équipe a publié son « Rapport du projet ARBOCARTO-V3 », qui intègre désormais un module de calcul du taux de reproduction de base (R0) pour le virus de la dengue.