OpHySE livre sa plateforme pour le suivi hydrologique des fleuves Guyanais en temps réel
Sous les aléas du changement climatique, les bassins du biome amazonien connaissent ces dernières années des volumes de précipitation exceptionnels, avec pour effet des changements de plus en plus visibles dans les cycles hydrologiques des rivières.
Bien que pourvue d’un réseau de stations in situ, indispensables pour entraîner les modèles et valider leurs résultats, la Guyane française n’échappe pas aux problématiques des bassins d’Amazonie telles que les défauts de communication des stations automatiques, les problématiques d’accès aux données de pays limitrophes, les difficultés d’accès pour augmenter le réseau de stations, etc. La Guyane française s’est donc naturellement faite le territoire pilote du projet OpHySE, porté par la jeune société Hydro Matters. « Obtenu peu après la création de notre entreprise, le label SCO a été particulièrement important car il a soutenu notre premier projet », confie Adrien Paris, chef de projet.
Passé de projet à service opérationnel en 18 mois, l’objectif est aujourd’hui atteint : mettre à disposition en temps réel des informations hydrologiques des différents bassins versants de Guyane avec l’appui de données satellitaires. Co-construite par le projet SCO OpHySE et le projet SAGUI mené dans le cadre du Plan de Relance, la plateforme est en accès libre depuis février 2022.
Vue globale de la plateforme et des prévisions de débits (mises en avant en termes d’anomalies par rapport à la période de référence) au 08/07/2023. La partie gauche de l’écran présente les onglets sélectionnables, où le premier “flow forecast” correspond au produit climat “SCO”. Les trois autres sont les différentes alertes hydro-météorologiques mises en place dans le cadre du projet SAGUI. © HydroMatters
Permettant de visualiser l’état des cours d’eau de Guyane, la plateforme propose un service d’alerte de pluie et de débit des fleuves et rivières en temps réel. Les données satellitaires de précipitation et de hauteur d’eau par altimétrie sont utilisées par le cœur de calcul pour fournir un état aussi proche que possible de la réalité. En complément, elle projette les évolutions de débit probables à court terme. Avec une interface très visuelle et un cœur de calcul paramétrable s’appuyant sur des résultats de recherches récentes, la méthode se veut générique pour être transposable à d’autres bassins aux caractéristiques variées. Pour s’en assurer, l’équipe a testé la méthode dans des bassins africains (dont Niger et Congo) et indiens, souvent grâce à des collaborations avec des équipes locales et avec des données obtenues notamment via des sites pilotes de calibration/validation des données du satellite SWOT.
Des réponses aux besoins des utilisateurs
Pour répondre au plus près des besoins du territoire, l’équipe s’est entourée de partenaires utilisateurs :
- la DGTM (Direction générale des territoires et de la mer) Guyane, chargée du suivi des débits des cours d’eau et de la maintenance du réseau in situ, qui souhaite améliorer ses prévisions et avoir un outil complémentaire au réseau existant ;
- l’Office de l’eau de Guyane, qui a besoin d’indications en temps réel sur l’ensemble des bassins, notamment sur certains cours d’eau non monitorés ;
- l’Office International de l’Eau, association d’utilité publique intéressée pour utiliser les sorties OpHysE dans le bulletin hydrologique produit dans le cadre du projet transfrontalier BIO-Plateaux, un réseau de partage de données hydrologiques entre le Brésil, la France et le Suriname.
Bilan
OpHySE apporte une réelle plus-value pour la compréhension des phénomènes hydrométéorologiques. « Grâce aux partenariats engagés dans le consortium, nous avons pu réaliser de nombreuses missions de terrain et ainsi mener une analyse très critique des données spatiales utilisées. Ces données (principalement pluie par satellite et hauteur d’eau par altimétrie des rivières de toute taille grâce aux données Sentinel-3 et Sentinel-6) permettent de porter un regard sur des phénomènes jamais observés sur ces territoires. Nous avons ainsi pu regarder différentes échelles temporelles, notamment sur les gros fleuves frontières Maroni et Oyapock, où nous avions peu d’informations sur la façon dont se distribuent les précipitations, dont une part se propage dans les rivières, où elles provoquent parfois des crues » explique Adrien Paris.
Le système se compose d’un modèle hydrologique, qui estime la répartition des pluies (absorption par la végétation et le sol selon sa nature, évapotranspiration etc.), et d’un modèle hydrodynamique, qui simule la propagation des masses d’eau dans les fleuves. Le tout est encapsulé dans un ordonnanceur gérant les interfaces avec les produits temps réel et l’assimilation des données altimétriques. En plus de l’interface de visualisation et du tableau de bord, la plateforme permet à chacun de télécharger les informations de façon automatique.
Et demain ?
Hydro Matters étudie désormais la meilleure façon de diffuser les prévisions et alertes d’OpHySE/SAGUI, des acteurs publics aux piroguiers. Cependant, le maintien de l’outil en Guyane pour les années à venir est conditionné par l’obtention de financements pérennes. Des réflexions sont également engagées avec les partenaires pour trouver des financements afin de poursuivre les améliorations du cœur de calcul et ainsi augmenter la capacité observationnelle et prédictive du système.
Consultez la page projet OpHySE
pour connaître tous les détails, télécharger le rapport final, prendre contact avec l’équipe projet.