Les SCOlutions aux Objectifs de Développement Durable - #3, L’ODD11
Si 55% de la population mondiale est actuellement considérée comme urbaine, la Banque Mondiale estime que la population citadine devrait doubler d’ici 2050, pour atteindre un niveau où pratiquement 7 personnes sur 10 vivront en ville ! Ces estimations démographiques illustrent les grands défis sociétaux que vont devoir affronter nos générations et les suivantes. Les réflexions autour de l’urbanisation, de ses conséquences et de son organisation sont au cœur des préoccupations actuelles, et à plus forte raison face aux effets du changement climatique. Bienvenue dans les SCOlutions à l’ODD11, tout particulièrement dans l’hexagone où le SCO est partenaire de France Ville Durable.
Pour mémoire, l’Observatoire spatial pour le climat SCO s’inscrit dans la droite ligne de l’Accord de Paris et de l’Agenda 2030. En mobilisant l'expertise spatiale internationale aux côtés des sciences, tout particulièrement en faveur des territoires vulnérables, le SCO a vocation à devenir un outil essentiel pour éclairer les décisions en matière d'adaptation et de résilience aux conséquences du changement climatique.
18% des projets SCO adressent l’adaptation urbaine.
Le SCO et l’ODD11 « Villes et communautés durables »
Imagerie optique, notamment 3D, imagerie radar, données thermiques et atmosphériques, 10 projets SCO utilisent diverses données satellitaires pour caractériser le tissu urbain et analyser sa vulnérabilité à différents facteurs. Tous répondent à un objectif global de l’ODD11 de mettre en œuvre des politiques intégrées pour des territoires résilients.
À commencer par une urbanisation durable, troisième cible de l’ODD11. En France, le projet {Sat4BDNB} est appelé à devenir un outil majeur d’aide à la décision pour mettre en œuvre la récente Loi Climat et Résilience, dont l'objectif de « Zéro artificialisation nette ». Pourquoi ? Car il est train de mettre en place à l’échelle nationale des indicateurs de surchauffe urbaine, de la vulnérabilité associée de la population ainsi que d’une évaluation des stratégies d’atténuation, y compris en termes de coût. Les résultats seront librement disponibles dans la Base de Données Nationale des Bâtiments (BDNB).
Parmi les principaux impacts du changement climatique, déjà ressenti par des milliards de citadins sur la planète, les agglomérations deviennent particulièrement vulnérables aux vagues de chaleur croissantes, en durée comme en intensité.
Si le secteur du bâtiment doit impérativement adapter les techniques et matériaux de construction - et il pourra pour cela s’appuyer sur {Sat4BDNB} -, la végétation constitue l’un des principaux leviers pour rafraîchir l’air et maintenir un cadre de vie sain dans les villes. Le projet {Green Urban Sat} génère une base de données géospatiale de description fine de la végétation qui, en facilitant l’évaluation des services écosystémiques rendus par le verdissement, aide à définir les meilleures stratégies de végétalisation. {City Explorer}, porté par l’Agence spatiale européenne ESA, adopte la même philosophie en étendant le champ des services écosystémiques afin de comparer les bénéfices relatifs de différents emplacements de nouveaux espaces verts dans l’environnement urbain.
Toujours dans cette thématique de surchauffe, les villes doivent affronter le phénomène d’ilots de chaleur urbains (ICU), où les températures nocturnes restent étouffantes. Des projets SCO comme {Thermocity} et {SatLCZ}, tous deux opérationnels et disponibles, permettent d’identifier et de caractériser les zones les plus à risque pour éclairer les décideurs quant aux mesures les plus adaptées à leur contexte. Et le thermomètre est formel : le mercure grimpe dans les petites villes comme dans les métropoles. De fait, les projets SCO expérimentent leurs innovations sur de nombreuses villes françaises comme Lille, Toulouse, Paris, Marseille, Montpellier, Strasbourg ou encore Nancy, mais aussi Rayong en Thaïlande.
En matière de prévention et de limitation de l’impact des catastrophes, cinquième cible de l’ODD11, le projet {FloodDAM} automatise un service d’alerte aux inondations associé à une modélisation des risques possibles. Pour s’assurer de la bonne généricité de sa méthode, il expérimente son développement sur différents fleuves en France, en Espagne, aux USA et à Madagascar. Avec un objectif similaire, {BAND-SOS} focalise sur les prévisions de l'inondation cyclonique et du risque sociétal associé dans le Delta du Bengale.
Moins visible et dangereusement insidieuse, la pollution atmosphérique devient un problème de santé publique, tout particulièrement dans les agglomérations. Selon la Banque Mondiale, en 2016 près de 90 % des citadins respiraient un air insalubre. Se consacrant à la qualité de l’air, sixième cible de l’ODD11, le projet {AEROLAB SPACE} développe pour sa part une plateforme de suivi des gaz à effet de serre dont les cartographies, indicateurs, statistiques et tendances constitueront une importante aide à la décision.
Pour aller plus loin :
- Les atouts inégalables des satellites et de l’imagerie 3D pour relever le défi de l’adaptation urbaine, un constat partagé lors d’une interview croisée du CEREMA, d’Airbus DS GEO et du CNES, partenaires du projet SatLCZ ;
- Les enjeux de la transition vers des villes durables et l’apport du spatial pour y parvenir selon Julien Hans, Directeur Énergie Environnement du CSTB (Centre Scientifique et Technique du Bâtiment)
- L’ODD11 présenté par l’ONU et dans l’Agenda 2030 en France