IRRISAT : données satellite pour stratégie hydrique
Au Maroc, où le changement climatique fragilise le contexte hydrologique, le département de l’Agriculture a élaboré une stratégie d’approvisionnement en eau potable et d’irrigation. Concernant cette dernière, il s’agit d’une part de mieux gérer et rationnaliser l’utilisation des eaux de surface et souterraines, et d’autre part d’encourager l’irrigation localisée (goutte à goutte).
Pour soutenir cette démarche, le CRTS (Centre Royal de Télédétection Spatiale du Maroc) a conçu IRRISAT, un système de suivi de l’irrigation permettant un diagnostic de la consommation, l’utilisation (efficiente ou pas), et la productivité de l’eau. « Malheureusement, le projet s’est retrouvé au point mort pour diverses raisons. Mais lorsque le CNES nous a présenté le SCO, nous y avons vu l’opportunité de faire revivre et d’améliorer ces travaux en les combinant avec d’autres approches, tout particulièrement celle développée par le CESBIO, afin de mettre en place un dispositif opérationnel de production d’indicateurs fiables d’aide à la décision »relate Mohammed Faouzi Smiej, Chef du service acquisition restitution dans la division Gestion des données du CRTS. Deux ans plus tard, grâce au label SCO, l’outil SAT’IRR a bel et bien été transféré au CRTS, et largement amélioré.
La complémentarité de deux systèmes
« Au CRTS, nous avons développé IRRISAT, une approche globale, basée sur le bilan énergétique à partir de données en infrarouge thermique. Le système génère quatre produits : des estimations de l'évapotranspiration, de la biomasse, de l'humidité du sol, et un conseil en apport d’eau d’irrigation. De son côté, la plateforme SAT’IRR de l’IRD développe une approche locale, basée sur le bilan hydrique, à partir d’imagerie Sentinel-2 et Landsat. Créer une synergie entre ces deux plateformes permet de produire au quotidien de l’information pratiquement en temps réel sur la consommation en eau, à l’échelle locale et globale » explique Mohammed Faouzi Smiej.
Ce que confirme Michel Le Page, ingénieur de recherche de l’IRD et spécialiste irrigation au CESBIO : « À l’échelle régionale [Irrisat], le suivi de la ressource en eau est important pour les gestionnaires de bassins hydrauliques qui ont besoin d’indicateurs globaux sur la ressource et son impact en termes de productivité. En revanche, à une échelle locale [SAT’IRR], il est très difficile de calculer le bilan hydrique : on connait la pluviométrie mais c’est à peu près tout. Nous focalisons donc sur les apports en eau et l’évapotranspiration des plantes, une part importante du bilan hydrique qui permet en outre de dégager des tendances ».
Ainsi, à chaque échelle de besoins et de décisions, des indicateurs spatialisés permettent une évaluation objective des ressources disponibles et l’optimisation de leur usage :
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Le pilotage de l’irrigation, un marché encore timide |
Réalisations du projet
- IRRISAT
👉 Réalisation d’une interface de production et d’analyse des produits sur la consommation et la productivité de l’eau
Dorénavant, le CRTS dispose d’un outil back-office qui facilite la génération, en temps réel ou pour toute une saison agricole, des différents produits et indicateurs sur la consommation et la productivité de l’eau, à différentes échelles spatio-temporelles à partir des données satellite VIIRS, Landsat et des données météorologiques.
👉 Produit à l’échelle régionale à partir de l’infrarouge thermique Sous label SCO, les équipes du CRTS ont travaillé à renforcer la fiabilité des produits d’IRRISAT, notamment pour améliorer la définition des données thermiques. |
Températures de surface : amélioration des données thermiques basse résolution VIIRS (375 m, à gauche) avec des données Sentinel-2 et Landsat8 (30 m, à droite). © CRTS |
- SAT’IRR
👉 Consulter le détail de la méthodologie, de l’enquête et les résultats sur la page projet
Perspectives
CRTS et IRD s’attachent à présent à harmoniser les données d’entrée (météo et imagerie satellite) des deux plateformes pour les faire fonctionner ensemble. À terme, une plateforme geoweb assurera la diffusion de ces produits.