EducSCO pour sensibiliser les citoyens de demain
Utiliser la voix des maîtres n’est pas nouveau. À l’instar d’autres gouvernements, la France a intégré le changement climatique et le développement durable aux programmes scolaires, une tâche complexe pour laquelle le SCO peut accompagner la communauté éducative. Pour cela, le projet EducSCO s’organise pour délivrer aux enseignants les informations et les outils dont ils ont besoin pour sensibiliser leurs élèves et stimuler leur réflexion pour trouver des solutions d’adaptation. L’intérêt est donc double, consistant d’une part à expliquer clairement aux enfants, démonstrations scientifiques à l’appui, ce monde en pleine mutation et, d’autre part, à les convaincre que nous pouvons nous adapter via des actions acceptables dont, demain, ils seront les acteurs directs.
Prendre conscience tout en restant positifs
Après une première intervention de 1h30 fin 2020 auprès de professeurs des écoles en Aquitaine, l’équipe a déployé son dispositif. Organisée par la Maison pour la Science Midi-Pyrénées en partenariat avec le Lab’OT du CNES, Météo-France et l’Académie de Toulouse, la première session « officielle » EducSCO a réuni près de 20 professeurs du second degré sur deux demi-journées.
Le 6 avril 2021, les participants ont assisté à une remarquable intervention de Météo-France pour expliquer le changement climatique, les bases physiques des phénomènes concernés (bilan radiatif terrestre, effet de serre…), les impacts (fonte des glaces, vagues de chaleur, perturbation du cycle de l’eau….) mais aussi les changement de nos modes de vie depuis la révolution industrielle qui ont incontestablement conduit à ce réchauffement global. « C’est un message dur à recevoir : les activités humaines sont directement responsables, les impacts prennent de l’ampleur et l’unique solution implique une remise en question radicale de nos modes de vie. Au terme de cette première demi-journée, les profs ont exprimé toute la difficulté pédagogique d’exprimer et de faire accepter un tel constat aux élèves, raconte Vincent Lonjou, en charge du SCO au Lab’OT. C’est là qu’EducSCO prend toute sa valeur : oui, le problème est aussi gros que la tâche est lourde mais, en combinant actions politiques, actions individuelles et collectives, nous pouvons infléchir la trajectoire et la rendre admissible. Pour cela, les nouvelles technologies sont des outils précieux pour identifier et mettre en œuvre des scénarii d’adaptation ».
« Spatial et changement climatique sont de formidables sujets d’interdisciplinarité, y compris pour développer l’esprit critique et l’esprit d’analyse. »
De fait, trois semaines plus tard, le 27 avril, les organisateurs ont tout mis en œuvre pour montrer à leur auditoire - revenu au grand complet - que nous pouvons rester positifs. Pour cela, le CNES a présenté toutes les richesses des données spatiales : que sont les satellites, quels sont leurs capteurs et comment leurs données peuvent-elles servir à comprendre les causes et les conséquences du réchauffement climatique mais aussi à réagir. Les enseignants participants sont par ailleurs invités à émettre des propositions de travaux pédagogiques qu’ils aimeraient mener en classe, pour lesquels l’équipe EducSCO est prête à adapter ses outils et ses supports.
2 applis pour impliquer les jeunes en tant qu’acteurs
La philosophie d’EducSCO consiste à poser la problématique du changement climatique aux élèves puis de les mettre en mode investigation afin qu’ils formulent des hypothèses de solutions. Pour accompagner les enseignants et leurs classes dans ce sens, EducSCO propose d’utiliser deux applications :
- EducSCO Températures, spécifiquement développée par le Lab’OT, propose une exploration simple et ludique. Son interface permet de visualiser et d’analyser l’évolution des températures dans l’espace (un lieu précis jusqu’à la Terre entière) et dans le temps (grâce à 40 ans de données climatiques et 20 ans de données satellitaires).
Développée via Google Earth Engine, EducSCO Températures invite à sélectionner une position sur la carte ainsi qu’une date. La carte est immédiatement mise à jour tandis que le volet gauche affiche différentes informations et graphiques comme l’évolution temporelle de la température de surface sur plusieurs échelles de temps, de la semaine à plusieurs décennies. Pour cet exemple, le curseur est positionné sur Paris durant la canicule d’août 2003. © SCO
- EO Browser, développée avec le soutien de l’Agence spatiale européenne ESA, permet de visualiser instantanément les données satellitaires de nombreux satellites et collections de données.
EO Browser en mode Enseignant propose d’explorer 12 thèmes prédéfinis, avec les lieux d'intérêt sélectionnés et les visualisations choisies. © EO Browser
Vers une formule hybride
Crise sanitaire oblige, la formation initialement prévue en présentiel s’est tenue à distance, ce qui offre d’autres atouts. Les séances ayant été enregistrées de bout en bout, le service Éducation jeunesse du CNES est notamment en train d’en faire des capsules vidéo réutilisables.
Cela donne également aux organisateurs l’idée d’hybrider les prochaines sessions : une première étape à distance, voire en autonomie, pour délivrer les bases théoriques et, pour ceux qui souhaitent aller plus loin, une seconde étape de travaux pratiques en présentiel. Cela sera décidé en fonction des résultats de l’enquête lancée pour recueillir le ressenti des participants à cette première formation.
Si la prochaine formation est déjà programmée au printemps 2022 toujours dans l’Académie de Toulouse, il est envisagé de l’étendre aux académies de Bordeaux et de Bretagne. L’équipe réfléchit également à la façon dont elle pourrait intervenir auprès d’autres cibles comme l’enseignement supérieur, le grand public ou encore les décideurs territoriaux.
La réalité du changement climatique est un message dur à recevoir mais le spatial a tous les atouts pour interpeler les enfants et motiver leur envie d’agir. © Getty Images
----------
Créé en 2019, le Lab’OT accompagne l’inflexion du CNES vers les applications. Avec un rôle technique pour accompagner l’utilisation des données spatiales dans le développement d’applications, il s’adresse aussi bien aux services de l’état qu’aux entreprises privées. En toute logique, il est l’un des référents du SCO France pour la mise en œuvre des projets labellisés.
Les Maisons pour la Science ont pour objectif d'aider les enseignants à faire évoluer leurs pratiques d'enseignement des sciences. En étroite collaboration avec les instances existantes (rectorats, ESPE, IREM, organismes de recherche), chacune des 11 Maisons propose à l'échelle de sa région une offre de développement professionnel aux professeurs.
Météo-France utilise de longue date les données spatiales pour ses prévisions météorologiques mais aussi pour étudier le changement climatique. Service de référence au plan international, Météo-France joue un rôle significatif au sein des principaux organismes de coopération météorologique internationale et s’implique activement dans le Comité Inter-Organismes du SCO France.