BioEOS, un projet pour la biodiversité côtière
Spécialistes des herbiers, des coraux, de cartographie des fonds marins, de télédétection, d’algorithmes de traitement de signal, de machine learning, de systèmes d’information, responsables en environnement, financiers et chargés de communication… Le tour de table des présentations de ce 15 juin 2023 affiche un impressionnant panel de compétences. Objectif : partager les axes de travail et le cadre organisationnel que vont suivre les partenaires du projet BioEOS en lien avec le CNES.
Rappelant combien la biodiversité côtière, pourtant source de nombreux services écosystémiques, est menacée, Touria Bajouk, chef du projet BioEOS pour l’IFREMER, évoque les besoins énoncés lors de la conférence de Paris le 12 mars 2020 : besoins de données sur le vivant, besoins d’outils d’observation qui tiennent compte de la variabilité spatio-temporelle de la biodiversité, besoins d’indicateurs de suivi et d’évaluation de la biodiversité distinguant les effets des pressions directes et globales, notamment pour l’aide à la gestion.
Pour répondre à tout cela, « le projet est imaginé sur cinq ans » explique Touria Bajouk, qui poursuit : « la première phase, labellisée SCO, va permettre d’affiner les besoins et valider le concept. Plus opérationnelle, la seconde phase consistera à déployer le système mis en œuvre via une interface adaptée et à le transposer à d’autres biorégions ».
Objectifs du projet
En partant de séries temporelles d’images satellite, BioEOS se fixe trois grands objectifs :
- Caractériser la dynamique spatiotemporelle de la biodiversité par le suivi des « métriques proxys ». Ce terme désigne des métriques intermédiaires, extraites d’images satellite, pouvant être corrélées à des mesures de la biodiversité réalisées par des observations in situ ;
- Mieux comprendre les trajectoires et prédire leur évolution grâce à un couplage de données de biologie et environnementales ;
- Rendre compte de l’état de la biodiversité en produisant des indicateurs et en cartographiant les changements.
La plus-value spatialeCorrélées avec les informations in situ issues de bases de données nationales et de campagnes de mesures, et moyennant des algorithmes performants, les données satellites peuvent révéler nombre d’informations : estimation de la bathymétrie, composition de l’eau et du fonds, répartition des habitats ou espèces… dont on peut dériver des indicateurs comme l’état des récifs coralliens et des herbiers. De fait, l’équipe compte profiter des avantages de tous les capteurs satellite et fusionner leurs données pour améliorer la résolution spatiale et spectrale. Autre grand atout, leurs séries temporelles vont notamment permettre de caractériser les trajectoires d’évolution mais aussi détecter les changements à large échelle.
Mise en place
Les iles françaises d’Océanie (La Réunion, Glorieuses, Mayotte, Bassas da India) ont été retenues comme sites pilotes en raison de nombreuses données in situ déjà existantes et ouvertes.
La première étape va consister à identifier et collecter les variables de biodiversité, toutes sources de données confondues, puis de construire les séries temporelles. Cela comprend l’élaboration et la validation des algorithmes (chaine de traitement), la production des indicateurs d’état et de changement de la biodiversité mais aussi d’appréhender le flux de données nécessaires à tous ces traitements sur le long terme.
À cet effet, une importante campagne de mesures in situ est prévue en novembre 2023 avec, dans la mesure du possible, plusieurs acquisitions satellite synchronisées (Pléiades, Sentinel, Prisma, EnMap).
◀︎ Les différents types d’échantillonnage (colonne d’eau et fond marins) à réaliser lors de la Campagne in situ du projet BioEOS à La Réunion. © IFREMER |
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Nous vous donnons rendez-vous très prochainement pour suivre les avancées de ce beau projet ! Un séminaire est notamment prévu fin 2023. Il réunira, avec les partenaires de BioEOS, d’autres intervenants aussi bien de la communauté scientifique que des acteurs de la conservation des écosystèmes marins.
Les partenaires de BioEOS
Soutenu pour sa première phase par le CNES et la DEAL Réunion, Le projet SCO BioEOS est piloté par l’Ifremer en partenariat avec le laboratoire Gipsa-lab, l’Ifrecor, l’INRAE, l’IMT, l’IRD, le SHOM, La Sorbonne Université, l’Université de Mayotte, l’Université de La Réunion, et l’Université de Toulon.